Petite introduction au calame
et au roseau qui sert à le fabriquer.
Outil antique, le calame est assez peu
utilisé par les calligraphes latins d’aujourd’hui.
Le roseau est une plante rhizomateuse du bord des étangs. Ses qualités en
font un très bon candidat pour la réalisation d’instruments d’écriture : sa
partie interne est tendre et fibreuse, sa partie externe lisse et dure et il
présente une certaine souplesse.

Si vous habitez une région où il pousse naturellement,
récoltez-le vous-même. La meilleure période de l’année se situe entre le milieu
de l’été et le début de l’automne. On le cueille par temps sec, et on le coupe
déjà sec sur pied (pas vert, mais ni pourri non plus!). Sec, sa couleur varie du
beige au brun rouge selon les pays et les espèces. Attention de ne pas vous
tailler lors de la coupe (risques d’infection grave) ou mettez des
gants.
Nettoyer les roseaux à l’eau et laisser sécher au minimum 3 à 6
mois. Avant de tailler les calames, débitez-les en morceau d’environ 20 cm, plus
court pour les gros diamètres.
Préparation du calame.
Matériel :
Un couteau tranchant de forme adaptée est nécessaire. Il
existe des couteaux de calligraphe, mais ils sont chers et assez difficiles à
trouver.
J’achète donc (aux puces) de vieux canifs qui font très bien
l’affaire. Je les choisis avec la lame en acier gris pas en inox, ce qui permet
de les affûter avec une pierre à aiguiser.
Ces pierres se lubrifient,
certaines à l’huile d’autres à l’eau.
Il est bon que la lame du canif soit
plutôt plate et non recourbée.
Il vous faudra aussi une plaque de coupe dure
qui n’abîmera pas la lame (un morceau de plexiglas est parfait).
La taille :

1 – Ouverture du ventre :
En biais, la profondeur de cette
taille varie en fonction de la dureté du roseau.

Une
fois le ventre ouvert, continuer à tailler de façon à obtenir un bec plat et
lisse sur toute sa largeur.

2 – Taille du dos :
Permet une réserve plus importante, les
fibres tendres du bois peuvent ainsi absorber l’encre sur les deux faces du
calame.


3 –
Fente :
Opération délicate, inciser la partie au-dessus du bec avec la pointe
de la lame, la fente se propage d’elle-même jusqu’à l’extrémité du bec par
éclatement. Elle est plus ou moins longue selon la souplesse du roseau. Certains
scribes (c’est mon cas) préfèrent la décentrer.


Une
fois la fente réalisée, appuyez fortement le bec du calame contre l’index en
pressant le calame avec le pouce, la fente doit s’écarter. En relâchant la
pression elle n’est presque plus visible.
4 – Taille latérale
:
Taillez les deux côtés légèrement pour obtenir une belle finition et
finaliser la largeur du bec.


5 –
Dernière taille, coupe du bec :
Le calame est à plat côté dos. Réalisez cette
taille d’un coup sec. On tient le couteau vertical ou bien légèrement incliné.

Ne
pas confondre cette inclinaison du couteau et l’angle de coupe du
bec.
L’angle de coupe concerne la forme du bec, vu de dessus :
- bec
plus court à droite = biseau à droite (pour la chancelière...)
- bec plus
court à gauche = biseau à gauche (gothique primitive, calligraphie arabe)
-
les deux côtés du bec sont de la même longueur (le plus
courant).
Maintenant, pour chacun de ces angles de coupe, vous pouvez
tenir le couteau bien droit (vertical) ou légèrement incliné :

-
incliné vers l’intérieur : le bout du bec est plus fin, pointu côté dos (schéma
A)
- incliné vers l’extérieur : le bout du bec est plus fin, pointu côté
ventre (schéma B)
- bien droit : le bout du bec est plus épais, moins
tranchant (schéma C)
Dans ces trois schémas, le calame est vu de
côté.
Les conseils d’utilisation :
Avant utilisation laisser tremper le
calame dans un verre d’eau pendant 2 à 3 minutes.
Bien rincer et sécher le
calame après utilisation.
Recouper le bec (1mm) dès qu’il se
déforme.
Evitez d’utiliser des encres trop épaisses, prenez plutôt : encres à
l’eau, extrait de Cassel, aquarelle......
Epilogue :
Mes premiers calames étaient assez rudimentaires. Il vous
faudra en tailler plusieurs (et les pratiquer), avant de réaliser des
instruments esthétiques et fonctionnels. Mais ne perdez pas patience, le calame
se découvre et s’apprivoise peu à peu. Vous pouvez aussi lire ou relire la fable
de La Fontaine : le chêne et le roseau !!!!
