Conférence
« Réserve de SCANDOLA »
par

Jean-Marie DOMINICI Chef de Projets

La création date de 1975 et se situe sur le territoire de la commune d’Orsini.
Réserve terrestre et marine, elle est la 1ère des 163 actuelles que comporte des territoires francais et métropole et d'outre mer. 1000 hectares marins, 919 hectares terrestres, 70 hectares en réserve intégrale.


Labéllisée au "Patrimoine mondial de l’UNESCO" en 1983n le Conseil de l'Europe lui a décerné un diplôme de catégorie A des Réserves Européennes. Un groupe de 5 experts la contrôle tous les 5 ans.

Situé à la pointe extrême Ouest de la Corse, très exposé aux vents, ce site est une zone dû au basculement de la plaque tectonique, un complexe volcanique rare et extraordinaire il préserve un paysage marqué par la présence de roches volcaniques datant du primaire.


Ce site d’intérêt humanitaire et planétaire fait partie du réseau Biomare. Réserve pionnière, elle est aujourd'hui un modèle et un laboratoire vivant

La partie terrestre, d'une surface de 915 hectares est couverte de maquis corse et comporte 40 espèces endémiques. Elle s'étend sur 180 Kms linéaire côtier et 40 Kms linéaire à l'intérieur des terres.

On y rencontre dans la partie marine, (1000 hectares de 0 à -100m proche de fosses sous-marines), 120 espèces de poissons, dont : barracuda, denti, … et 450 espèces d’algues dont la protégée Cysosteira.

Dans cette zone intégrale, les individus sont non seulement plus nombreux mais aussi d'une taille beaucoup plus importante que la moyenne. Le film projeté lors de cette présentation nous a montré une langouste énorme ayant un âge estimé (par mesure du céphalothorax au pied à coulisse), à plus de 50 ans

Le fonctionnement de la réserve et la gestion conservatrice sont établis selon un plan tenant compte des problématiques et des enjeux. Ce plan est élaboré par un comité consultatif et un comité scientifique.

Les différentes missions ont pour objectifs :

• Conservation d’espèces avec inventaire régulier et suivi permanent du biotope et de la biocénose.
• Développement d’études spécifiques
• Evaluation de la pression humaine sur les sites (pêche, tourisme …)
• Sensibilisation du public
• Surveillance

Quelques exemples d’études:

Etude pédoanthracologique : étude du charbon de bois en profondeur permettant de découvrir l’histoire de la végétation. Cette étude a permis de démontrer qu'il y a 1.000 ans, ce site comportait de nombreux pins Laricio très utilisés pour les constructions navales.

Etude du peuplement : la densité moyenne d’espèces est unique.

  1. L’oiseau pêcheur le Balbuzard espèce phare : 2 couples il y a 100 ans. Aujourd’hui 33 couples (8 en réserve) nidifient sur la côte. L’analyse génétique démontre qu’il n'y a pas de problème de consanguinité peut-être dû au fait de leur hibernation en Afrique du Nord et que la corse se trouve sur le passage des balbuzards d’Europe Centrale et de Scandinavie (observations faites avec le recueil d’oiseaux morts).
    Ces oiseaux reviennent toujours à l’endroit de leur premier envol. Une expérience d’exportation vers l’Italie est actuellement en cours.


Ordre: Falconiformes
Famille: Pandionidés
Taille: 55cm à 69cm
Envergure: 1m50à 1m80
Poids: 1kg 300 à 2kg

 

 

 

La construction de nids artificiels a contribué à la sauvegarde de cette espèce en Corse et principalement sur le site la réserve.

  1. Le corail rouge aux dimensions exceptionnelles est l’une des plus vielles colonies. Des mesures ont fait apparaître que le diamètre de base croît de 0,1 à 0,6 mm, et sa longueur de 0,59 à 3,18 mm.
    L’année chaude de 2003 fut néfaste aux colonies implantées entre la surface et -25m. Des essais de réimplantation à plus grande profondeur sont en cours. Les 1er essais, avec utilisation de plaques métalliques trouées avec fixation des branches au "sintofer" n’étant pas une réussite, il semblerait que des plaques en Kelvar et un autre type de colle soient mieux adaptés.
  2. Le programme "Life Linda" composé de différents partenaires étudie le partage des ressources halieutiques (œufs, larves) entre les espèces (notamment le Dauphin) et l'homme.
    La surpêche dérègle les écosystèmes, un maillon de la chaîne alimentaire manque ce qui déséquilibre l’ensemble. Un exemple : la surpêche d’un poisson amateur d’oursins entraîne la prolifération de ceux-ci et la diminution massive des algues.
    L’homme et le dauphin entrent en conflit, de même barracuda et denti…

Il est indéniable que l’effet réserve est bénéfique, l’exportation de la ressource halieutique est importante. Les pêcheurs locaux voient leurs prises multipliées par 6 par rapport aux autres lieux de pêche sur les côtes Corse éloignées de la réserve.

Sa situation est précaire, fragile et menacée. Elle est également victime de sa renommée (200 000 visiteurs du 15/06 au 15/08 ), menacée par des risques de pollution (marée noire…), d’incendie, et par le réchauffement climatique.